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14 février 2009

Une interview

La parole d'un homme libre



Pas de voeux dans sa commune d'Altkirch, et une absence (remarquée) à toutes les festivités du début d'année : le député Jean-Luc Reitzer, sans renier son engagement dans la majorité présidentielle, s'interroge. Il s'est mis en veille...de la vie publique mais revient aujourd'hui, fort de sa liberté de pensée. Sa liberté de parole.

Retour sur scène pour Jean-Luc Reitzer. « En pleine santé. En pleine forme ! » explique le député-maire d'Altkirch, qui a choisi Moosch pour marquer son come back, après de longues semaines de silence, de doute, d'interrogations et un petit problème de santé aujourd'hui réglé. « Je suis un homme comme un autre. Ces derniers temps, je me suis interrogé sur le sens de mon engagement ». Une sorte de révision de vie à laquelle le député a jugé utile de se frotter.
Un indéniable coup de blues aussi, après les mauvais coups portés à sa bonne ville d'Altkirch par ses « amis » de la majorité : fermeture du tribunal, des Prud'hommes, de l'ONF à Ferrette et Saint-Amarin, le revirement général des politiques publiques « qui s'opèrent au détriment de nos zones rurales. La France ce n'est pas seulement Paris ou les grandes villes ». « Même si j'approuve les grandes orientations nationales, sur le terrain, je souffre depuis quelques mois » explique le député.
Le mandat dans la balance
« Je n'allais quand même pas faire un discours le lundi, pour me voir contredit le mardi », dit-il pour expliquer son absence aux cérémonies des voeux. Tant l'incertitude sur certains dossiers qu'il a portés ces derniers mois lui pèse. Sur l'avenir des hôpitaux de proximité, sans compter l'absence de sous-préfet à Altkirch qui l'a conduit à mettre son mandat dans la balance auprès de Michèle Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur. C'est beaucoup, en une seule fois, pour un seul homme.
A cela s'ajoute la réforme des circonscriptions électorales des législatives. Pas déçu du « sarkozysme », mais cependant en désaccord ouvert avec les instances de son parti, le député s'est abstenu et a même voté contre un texte présenté à l'Assemblée nationale. « J'ai montré mon désaccord sur le RSA, la loi sur l'audiovisuel, la loi Boutin, le travail dominical, je ne vais pas voter la loi sur la réforme de l'hôpital. Même si je suis convaincu qu'il faut réformer la France. Cela ne m'empêche pas de garder ma liberté de pensée, de parole, de vote ».
« A présent, on va me voir », lance le député, pas mécontent de se rendre compte que son absence prolongée, ces dernières semaines, n'est pas passée inaperçue. Le député a donc repris, les uns après les autres, les dossiers qu'il porte.
Le même hôpital de référence
La situation économique dans la vallée de la Thur, pour commencer. En remarquant que c'est un des territoires alsaciens qui a bénéficié le plus d'aides publiques et européennes (« on ne peut pas prétendre vouloir aller à tous les guichets »), il soutient cependant la demande d'une intervention spécifique. Une réunion est prévue le 6 avril à la sous-préfecture de Thann avec les élus de la vallée, afin de déterminer quelles actions particulières pourraient être engagées.
Maire et également président de conseil d'administration, il comprend la fermeture d'un service de l'hôpital de Thann. « Nous sommes tous dans le rouge....A Altkirch on a supprimé 20 postes, à Thann on a fermé un service ». Comme Thann, son hôpital d'Altkirch va travailler avec Mulhouse, qui devient hôpital référent. « Mais je crains que l'hôpital de Mulhouse garde pour lui les activités nobles, ne laissant que des miettes aux autres ». D'où une vigilance annoncée, d'autant que le maire risque de perdre ses prérogatives et que le risque existe qu'on aille vers « une étatisation du système de santé ». Il votera donc contre la loi soumise au parlement.
La RN 66 est menacée ! Absent du premier plan de relance, le chantier risque de passer à la trappe s'il n'est pas inscrit au plan de relance bis. Tout cela en raison des deux recours introduits contre les déviations de Bitschwiller et Willer. Il attend par ailleurs un arbitrage national sur ce dossier. Néanmoins 3 M€ seront affectés cette année aux travaux du giratoire du Super U de Bitschwiller. Pour le reste, « j'ai besoin du soutien de tous...mais je n'accepterai pas que l'État revienne sur sa parole ». Et de menacer : « S'il le faut, je serai en tête des manifestants... ».
Découpage électoral
Le député est également monté au créneau contre la suppression des RASED, « un dispositif qui marche », même si l'arrondissement ne devrait pas être fortement impacté. Mardi prochain, le 17 février, il réunira les maires de la circonscription à la Halle aux Blés d'Altkirch avec l'Inspectrice d'Académie.
Ultime sujet de mécontentement : le découpe des circonscriptions électorales. « Rien est encore décidé » tente de se rassurer le député qui perdrait trois cantons de l'arrondissement de Thann. Une perspective qui ne le réjouit pas réellement. Se refaire une notoriété du côté de Saint-Louis et Huningue, très peu pour lui. D'autant qu'il se dit très attaché aux deux vallées de la Thur et de la Doller. Cette adversité, pour autant, n'est pas faite pour l'abattre.
Jusqu'au dernier moment
« Je serai le député des deux vallées jusqu'à la dernière seconde de mon mandat ».Pas question pour lui de laisser Thur et Doller à leur triste sort...Promis, juré. Ses amis, les élus qui le côtoient lui ont adressé, très nombreux, des messages d'amitié dès que les propositions de redécoupage ont été connus. Troquer un terrain qu'il a « labouré » depuis 20 ans, contre un terrain qu'il ne connaît que très mal, très peu pour lui. Même si un tel pari n'est pas fait pour le décourager.
André Hartmann

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